Clarisse est enceinte, mais ce second enfant n’est pas désiré. elle n’aime plus Simon, lui qui tente de s’accrocher à l’image rassurante du couple hétérosexuel, impossible pour eux.
La grossesse sera terrible et enivrante, à la fois pour Clarisse, qui tombe amoureuse d’un autre homme, et pour Simon, qui n’ose rien dire.
Derrière le mépris de Clarisse pour son mari, sa grossesse et ses ébats sexuels avec son voisin, se cache une volonté étrange : l’acharnement à effacer en elle ce fils maudit — car elle sait qu’il ressemblera à Simon. Ses délires de meurtre côtoieront ses jouissances neuves ; son passé douloureux, sa vie étouffante et son avenir noir la pousseront à vouloir sans compromis la liberté et de s’y accrocher avec la violence de l’espoir.
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Je t’aime, moi non plus… Toute l’ambiguïté de relations amoureuses difficiles se retrouve dans le deuxième roman de Guy Verville, Crever mon fils, un livre âpre et violent qui ne fait l’économie d’aucune douleur ni d’aucun plaisir. Clarisse et Simon y constituent un couple peu banal malgré des apparences rassurantes : ils ont eu un premier enfant, et Clarisse est à nouveau enceinte. Mais Simon préfère les hommes et n’approche guère sa femme qui éprouve une profonde répulsion à l’idée de sa deuxième grossesse. Profondément bouleversée par cette conception que son esprit ne parvient pas à accepter tandis que son corps l’accueille avec naturel, Clarisse nourrit des désirs de meurtre envers l’embryon occupé à se développer en elle. Guy Verville présente, avec une certaine audace pour un écrivain masculin dont l’œuvre est encore courte, le point de vue de la femme, avec tant d’intériorité que le lecteur accepte, parce qu’ils viennent d’un personnage vrai, la haine et le dégoût manifestés par Clarisse.
Une écriture qui semble imiter les soubresauts même de cette vie agitée ajoute à la tension d’un roman douloureux, pathétique, et pourtant sans effets gratuits.
Publié au Québec, ce roman de Guy Verville mérite bien de traverser l’Atlantique pour venir jusqu’à nous. Il gratte les apparences pour trouver, dessous, la vérité — toujours bonne à dire, même et surtout si elle fait mal.
Guy Verville livre un roman sec comme une gifle, sans compromis, écrit dans une langue sans artifices, qui réserve parfois de beaux éclairs. Surtout lorsqu’il délaisse une poésie un peu maladroite, sans doute ajoutée pour adoucir un univers de déchirures. Son roman est lesté d’une richesse sombre où la tragédie quotidienne s’exprime comme rarement dans la littérature québécoise.