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L’Effet Casimir

Psychanalyste à la retraite, Marthe vit des jours paisibles en compagnie de trois anciens patients, devenus, au fil des ans, ses amis. Son bonheur aurait pu être complet si l’homme de sa vie, le peintre Léo Arcand, ne l’avait quittée, cinq années auparavant, après quarante ans de vie commune. Ce matin d’automne où débute le roman, Marthe prend une décision qui bouleversera, petit à petit, les habitudes de chacun.

9781623097868 | 366 pages | 2012 | Seconde édition: Guy Verville. Première édition: Varia

Ce livre a été publié pour la première fois par Varia (qui a cessé ses activités). Premier ISBN 2001: 2-922245-42-X. IJ'ai repris mes droits et publié au format ePub.

Disponible uniquement en format ePub auprès de

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Critiques

Une vie au quotidien finement décrite

Avec L’Effet Casimir, Guy Verville propose un ton et des personnages différents de ce qu’il a écrit jusqu’à maintenant. Qualifiée de roman tranquille par son auteur, cette œuvre mêle, aussi facilement que la vie elle-même, bonheurs et tristesses, réflexions et drôleries, personnages dramatiques et truculents. Une histoire qui emprunte le rythme du fleuve sur les rives duquel elle prend place : calme et inexorable, parfois mouvementée, reflet toujours intense de la vie et des choses. 

Si la vie est un éternel recommencement, avec ses hauts, ses bas, ses fausses certitudes, ses déceptions et ses rêves incessants, Guy Verville a voulu saisir l’essence du temps qui passe et façonne les êtres qui, à leur tour, en modèlent d’autres au gré de leurs allées et venues. L’Effet Casimir suit les jours d’une femme, Marthe, ex-psychologue bientôt septuagénaire, qui se débat toujours avec un chagrin d’amour. Heureusement, elle vit dans son manoir près de la splendeur du fleuve, entourée de quelques anciens patients devenus ses amis.

Le sous-titre, « roman tranquille », peut susciter chez le lecteur une légère appréhension quant au rythme de la narration. Quoi qu’il en soit, « tranquille » réussit ici à ne pas rimer avec ennuyeux. Le défi relevé par Verville était pourtant de taille. Parler de la vie quotidienne, et plus particulièrement de celle d’individus vivant dans l’entourage d’un moribond (l’un des vieux amis de Marthe est atteint du cancer), aurait pu lasser le lecteur, lui donner l’impression désagréable de perdre son temps. Avec L’Effet Casimir, il n’en est rien.

Au contraire, les réflexions de Marthe, fine mouche – sauf en ce qui a trait à sa propre vie – savent tisser une trame de laquelle le lecteur n’aura aucune envie de s’extraire, aussi curieux d’entendre les soliloques de l’héroïne avec sa conscience (redoutable conscience de psychologue) que de connaître l’évolution des êtres qui peuplent ce microcosme rural. Car la douceur de ces amitiés profondes créées par le temps et l’intimité entre des êtres à l’origine très différents, s’ajoutant à l’apaisement que procurent le rythme, la puissance, la constance et l’omniprésence du fleuve, installent un univers à part entière, aussi physique que métaphysique. Y évoluent des êtres vrais auxquels il est difficile de ne pas croire et de ne pas s’attacher.

Lucienne, la bonne aux couleurs de la campagne, qui additionne les amants malgré son âge et sa corpulence ; Armand, musicien et astrologue qui apprend à apprivoiser sa fin proche ; Rémi, homosexuel énergique au noble coeur, qui tente de se convaincre que l’amour n’existe pas ; Gustave, taquin aux tendres sentiments et enfin Marthe, intelligente, cultivée, aimante, faite pour le bonheur, d’une fidélité qui émeut autant qu’elle l’empêche de surmonter sa peine et sa déception. Toutes ces figures sont attachantes et leurs modestes péripéties intéressent comme le font, pour tout individu, les histoires vécues par des proches. Leurs démêlés, leurs états d’âme et leurs projets suscitent l’intérêt du lecteur dans la mesure où eux-mêmes font l’objet d’une sympathie toute particulière.

Impossible de ne pas être touché par cette vieille femme qui regrette le bonheur connu avec l’homme qu’elle avait choisi d’aimer pour toujours. La chose est aussi vraie en ce qui concerne la réaction des amis d’Armand à son trépas. D’abord profondément tristes, jaloux d’une complicité commune, ils renouent avec le bonheur après l’heure fatale, car l’humain est ainsi fait qu’il ne peut résister à l’envie d’être heureux.

Guy Verville livre les bonheurs du quotidien, ses peines, bref, il écrit la vie. Et la vie, telle un Narcisse aux proportions planétaires, aime se lire, s’analyser et se contempler lorsqu’elle se reconnaît justement dépeinte, ce qui est vrai dans L’Effet Casimir.

Sophie Pouliot | Le Devoir | October 13th, 2001 |