Ma compagnie est généreuse. Elle offre un montant annuel qui permet d’investir dans tout ce qui nous permet de bouger, d’améliorer notre santé. Cela va de l’abonnement de ski au cours de yoga en passant par l’achat d’équipement, y incluant les gadgets informatiques de mesure. On me dira que le but derrière cette philanthropie est de nous garder au bureau. Soit, mais peu de gens s’en prévalent et c’est déjà bien de pouvoir jouir d’un tel petit budget.
Comme j’avais déjà dans mon appartement un elliptique qui dormait dans sa poussière, j’ai opté pour l’achat d’une iWatch. Le montant donné par la compagnie en paya la moitié. Je me sentais au début un peu con d’utiliser cet argent pour un tel gadget. Il me suffisait, après tout, de monter sur mon elliptique et de recommencer à pédaler…
J’avais d’autres raisons toutefois de me prévaloir de l’offre. Mon voisin possédant une telle montre m’avait montré tout ce qui pouvait être mesuré et interrogé. Le coeur, le sommeil, les appels à la méditation, le nombre de pas, les incitations à se lever de sa chaise, la mesure de l’activité physique, course, marche, yoga, le tout agrémenté d’un programme de points et de médailles qui ne servent qu’à inciter à faire quelque chose. On embarque ou on n’embarque pas, mais quand on embarque, l’appareil vous accompagne ludiquement.
J’avais également une autre raison. Je sais que mon coeur bat plus rapidement que la moyenne. Disons qu’il se situe plus au repos vers les 80 battements minutes que les 50/60 battements de mes voisins ! Je suis sédentaire depuis toujours et ça paraît.
Je ne fais jamais rien à moitié et aussitôt l’appareil acheté, je me suis muni d’une application pour mesurer le sommeil, je me suis lancé dans de courtes séances de 15 à 20 minutes d’elliptique doux le matin, tout en tentant d’augmenter l’effort. Je me lève quand la montre me dit de le faire, je prends de bonnes respirations quand c’est le temps (tout peut être réglé à sa convenance, rien de militaire non plus). Ils appellent ça des moments de pleine conscience. C’est un peu con, mais bon, toujours est-il qu’après ma séance de quatre respirations, je peux constater que le rythme cardiaque baisse de quelques battements minute.
Voilà la grande force de ce type de mesure, voir les conséquences positives, quasi immédiates parfois, de tels ou tels gestes axés sur le bien-être.
Deux mois se sont écoulés et je sens l’amélioration ici et là, à commencer par un affinement visible au niveau du ventre (je deviens un vieux sexy), une meilleure peau, mais aussi une sensibilité aux genoux que je ne me connaissais pas. Il me faut donc ajuster mon effort, car sinon, mes rotules ne pourront suivre longtemps.
Fait remarquable, ou le contraire en fait, ma glycémie que je contrôle depuis longtemps ne bouge pas. Le fait de faire de l’exercice n’a aucune incidence sur le taux glycémique. C’est à étudier. Je note également une amélioration lente, mais certaine du rythme cardiaque.
Le plus intrigant demeure le sommeil. Bien que j’ai dû m’habituer à conserver une montre durant la nuit, j’aime bien me lever le matin et comparer ce que je ressens de ma nuit et ce qui est dit par la montre. J’ai comparé également avec mon voisin. Nous ne possédons pas du tout le même rythme de sommeil. Il dort peu, parfois mal, mais il plonge allègrement dans le sommeil profond, tandis que j’ai plutôt tendance à faire des petits sauts dans les abysses nocturnes même si, au final, je possède une excellente santé du sommeil. J’ai pu voir également les effets de la sieste. Celle-ci vous plonge généralement très rapidement dans le sommeil profond !
Est-ce que cela change quelque chose à ma vie ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Peut-être me lasserai-je de tout vouloir connaître. Mais je vieillis et ces appareils évoluent. Déjà qu’on peut détecter la fibrillation, que pourra-t-on détecter dans un avenir rapproché ? Le futur est sans doute aux implants…
Nous devenons peu à peu de gentilles machines dociles et indolentes, pour le meilleur et le pire de la course folle de l’humanité. Bon, ce n’est pas tout ça, ma montre me dit de me lever…