Un lecteur, il y a quelques jours, me demandait si j’étais tel ou tel personnage de mon roman ou si, dans cet autre, l’histoire n’était pas autobiographique. Les auteurs sourient sans doute à lire ceci. Cette question, tout éculée qu’elle soit, n’en cache pas moins une certaine vérité même s’il ne faut pas, non plus, en faire une généralité.
Tout d’abord, cela dépend de ce qu’on écrit. On posera ces questions différemment si on a devant soi un(e) auteur à succès, à suspense, à histoire fantastique ou, comme moi, à histoires privées.
On peut me décrire comme un auteur à huis clos, tout comme l’est probablement ma vie. Je suis un auteur du quotidien, tout comme semble être mon existence. Mes romans sont donc assez autobiographiques, car je puise l’essentiel de mon inspiration dans le chaudron de mes expériences ou de ce que l’on me raconte. Ces histoires sont d’autant les miennes que je me t’attarde essentiellement à la philosophie, à cet acte rituel et religieux de vouloir créer scientifiquement un sens à quelque chose qui m’échappe.
Voilà pourquoi je me lasse d’histoires où le seul but semble d’exister semble être celui de divertir ou de pavaner avec des trouvailles littéraires (je viens justement de lire un tel livre publié récemment). Si, par le passé, je fus tenté par l’esbroufe, je crois être parvenu, à ce stade de ma vie, à lessiver à l’eau javel le moindre orgueil.
Ma maison, la réelle, construite à force de marges de crédit, s’améliore, s’enferme confortablement sur elle-même. On peut, certes, regarder par la fenêtre, l’intérieur de mon esprit qui s’affaire à faire le tri entre mes désirs, mes fantasmes, mes craintes et mes blasphèmes, mes joies et mes futiles aspirations. Je cherche à créer un semblant d’ordre, parallèle dans mon esprit, semblable à cette lente reconstruction de cet édifice.
Je serai toujours ainsi. _Semper ipse ero_ À cette seule condition puis-je me permettre d’écrire : pour tracer des sillons fertiles, et y enfouir la semence de ce que je suis.