Je suis cloué à la maison, car j’attends la livraison de matériau de construction. Je fais dans la rime, pas de frime. J’ai fait de la place pour accueillir les madriers et les panneaux de gypse, je vends mes fauteuils, peut-être ma télé que je n’ouvre jamais. J’ai un goût de table rase pour mieux rebâtir. Sans parler de simplicité volontaire, j’aimerais tout de même un bel espace pour que mes démons aient le loisir de s’exprimer.
C’est, bien entendu, une manière de parler. Je ne connais pas ces démons, je ne les laisse pas parler souvent. Je ne suis pas mû par une pulsion urgente de créer. Il y a un peu de maturité là-dedans, un peu de vieillesse. Mais je sais qu’ils sont là, qu’ils me tendent souvent des petits bouts de papier en guise de messages. J’ai la plupart du temps bien du mal à les comprendre, mais je m’obstine.
J’ai cette intuition (tiens, la rime qui se pointe le nez) qu’il me faut ouvrir grandes les vannes, faire silence aussi, me réconcilier avec mon âme, celle qui ne fréquente pas les églises. Je m’obstine, je vous le dis, chers peu nombreux lecteurs. Que l’univers (qui n’en a rien à foutre) en soit témoin.
Il fait certes un froid de canard dehors, j’y ai goûté en nettoyant mon perron et mon escalier. J’aurais bien aimé une autre promenade, mais pour l’instant, je retourne à ma programmation, à mes mises en page. Le travailleur autonome est un strict patron. Ron, ron, ron.