Il n’y a pas à dire, ça surprend. Comme pour toutes les rues du quartier, les commerces s’agglutinent aux intersections afin d’attirer le plus de passants. Fruits, café, boucherie, café, épicerie, bières de microbrasseries, rien d’anormal et surtout prometteur, car les échoppes sont, pour la plupart, administrées ou la propriété de jeunes. Le quartier s’embourgeoise ; les églises se fatiguent d’autant que, tels des serpents, elles se muent en paniers de condos.
Le regard est donc doublement attiré par cette vitrine d’animaux empaillés qui s’affadissent un tantinet sous la poussière. Ils semblent être morts depuis longtemps, momifiés pour le bon souvenir, sans doute, du propriétaire des lieux. La scène se veut rupestre, ou un jardin d’Éden de pacotille. Quoi qu’il en soit, ce qui surprend le plus, c’est qu’il s’agit de la vitrine d’un barbier (ou un coiffeur, je ne sais plus). Et si, dans la boutique arrière, étaient embaumés les clients récalcitrants ? Et si le poil de ce petit oiseau n’avait-il pas été réparé par une mèche de madame chose ?