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L’elfe de Saint-Esprit

21 décembre 2011

Elle vous accueille avec une belle gentillesse à la porte de l’église et monte vivement devant vous jusqu’à l’orgue juché très haut, au second jubé. Elle s’assoit devant le Casavant, fouille dans ses nombreux papiers, fait des blagues, ajuste son foulard fleuri.

On dirait un elfe qui aura oublié de retourner dans sa forêt et qui s’est installé dans les combles d’une église pour passer le temps.

Cette charmante organiste a 90 ans, me chuchote-t-on avec admiration. C’est un réel bonheur de la voir aller, elle nous fait espérer vivre ainsi. Elle parle souvent au directeur, mais nous n’entendons rien de ce qu’elle dit. Yvan la tutoie, se penche vers elle pour mieux comprendre. Elle prend surtout son temps, ce qui impatiente un des choristes. Je souris à celui-ci en lui rétorquant qu’elle n’est sûrement pas pressée de vieillir.

Ce fut une agréable soirée. Moi qui n’aime pas vraiment les curés, me voilà à préparer une messe de Noël. J’y vais, comme ma mère, pour le chant. Nous chanterons de bien jolies choses.

Et avec un elfe à l’orgue de l’église Saint-Esprit-de-Rosemont, un hautboïste à ses côtés, et quelques bonnes solistes, la soirée du 24 ne pourra être que magique.

P.S. : Eh bien non, cette dame n’a qu’un bien maigre 78 ans. Mon erreur d’il y a deux jours provient d’un quiproquo émanant de la bouche même de la démone qui disait vouloir jouer de l’orgue jusqu’à 90 ans et que, deux ou trois phrases plus loin, elle annonçait qu’il lui restait une année ou deux à jouer. Du coup, les gens autour d’elle ont fait le mauvais calcul.