Ils ne sont jamais loin à vouloir ressortir les couteaux et les machettes, à fendre la peau des criminels. Le sénateur Boisvenu n’est pas le bienvenu dans ma demeure, mais je sais que dans la tête de la majorité, on se dit d’accord avec ses propos.
Le vernis de l’humanité est fragile, encore frais peint. Étrange bête que le peuple qui scande à mort depuis des siècles juste pour le plaisir, sans doute, de voir couler du sang. Ne comprend-on pas que, pour s’élever, il faille pardonner, que pour dépasser la dent contre une dent, on se doive l’abnégation ? C’est facile à dire, c’est un prêchi-prêcha de chrétien ? Un gaspillage de fonds publics ?
À entendre, durant les derniers jours, ces gens véhéments, je me dis qu’il faut rappeler ad nauseam les horreurs passées. Pas étonnant que les gens vivent dans le malheur, ils ne paraissent pas avoir encore les capacités de comprendre ce qui les incitent au mal. Des peuples s’enlisent dans le vinaigre à cause de ce goût perpétuel de vengeance qu’ils ont dans la bouche, une vengeance dont ils ne comprennent plus la signification ni l’origine, alors qu’ils pourraient imiter leurs aïeuls qui, à la guerre, ont démontré leur courage d’agir autrement.
Il est décourageant de constater qu’il y a deux types de barbarie, celle visible et l’autre, la barbarie tranquille des gens ordinaires, qui attend sa petite heure de gloire, tapie derrière les bourreaux de l’État, et qui salive à l’idée de pouvoir écorcher son voisin. On comprend alors qu’il suffirait de si peu pour reculer, car le vent de face est trop fort.
Je ne suis pas un saint, je ne crois pas détenir la vérité. J’ai pourtant la conviction, que dis-je, la foi, que la bonté existe. Le monde tourne sur des essieux infernaux, la vie est courte, fragile, la mort ne fait pas de cadeaux. Or, une harmonie existe et, quand on la devine, on s’aperçoit qu’elle est juste pour tous. Cette harmonie nous dépasse, alors inutile de la combattre avec nos ridicules canifs.