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Pour ce luxe glorieux de vous admirer

13 septembre 2012

Ce soir, j’ai mon cours de chant. Comme toute passion qui s’installe, je ne pense qu’à ça, même si, dans les faits, je me bute à bien des obstacles, dont cette deuxième que je dois apprendre. Per la Gloria d’adorarvi (pour la gloire de vous aimer) est une jolie ritournelle tirée de l’opéra Griselda de Giovanni Battista Bononcini.

Le texte se lit ainsi (librement traduit à partir d’une traduction anglaise):

Pour la gloire (je dirais le luxe glorieux) de vous admirer
Je désire vous aimer
Ô chères lumières (prunelles)
À aimer je souffrirai
Si, si, je souffrirai !
Je souffrirai,
Je vous aimerai,
Chères lumières

Sans espoir de délices,
Vaine affection,
Cela est si accablant.
Mais vos rayons si doux (vos yeux de miel),
Comment ne pas les regarder ?
Comment ne pas vous aimer ?
Je souffrirai,
Je vous aimerai,
Chères lumières

Pour la petite histoire, je suis tombé par hasard, dans un site de rencontres, sur la photo d’un homme dont le regard ferait fondre les vieilles gonades de Benoît XVI et les nichons asséchés des bonnes sœurs qui sont endormies à ses pieds. C’est à peu près le sentiment que je dois adopter pour cette pièce, quand, rongé par un mouvement qui se nomme non pas tramway, mais désir, on en vienne à jeter toute volonté aux poubelles de la déraison. Or, il me semble que mon cœur se méfie maintenant. Un peu vieux, le gars, pour prétendre l’amoureux aux testicules prêts à lancer l’assaut. Mais on peut feindre, surtout à nos âges, n’est-ce pas madame Chose ? La difficulté est ailleurs.

La pièce, fort mélodieuse, qu’on en juge par la vidéo de Pavarotti, est simple et difficile à interpréter. Je m’y casse la voix depuis une semaine. Je la prenais tout d’abord trop lentement, j’appuyais trop sur mes notes. Rien de léger, rien d’affable. Et puis, ces notes, au-delà de la zone du do supérieur, sont très inconfortables pour moi. Et je me rends compte que Pavarotti les prend quasi en voix de tête quand il doit les faire en pianissimo. Pas étonnant ! Mais bon, faut pas se comparer non plus à ce grand chanteur. Je pousserai, je pousserai, mes rauques cordes vocales comme je le pourrai !

Comment ferai-je pour te rendre gloire, bel air, car je souffrirai, je souffrirai à tenter l’impossible de te séduire.

Je me cherche dans tout cela. Puis, je suis toujours dans l’expectative d’une réponse positive d’un éditeur. Pas rapport ? Si... Tout me paraît soudainement fragile, ma voix casse, je veux trop, je ne relaxe pas, ça ne semble tenir qu’à des voeux pieux, tout cela, ces beaux airs, cette jeunesse passée, ces promesses qui tardent à mûrir. Et pourtant, cet insistant regard que nous procure l’existence. Cette vie, ces beaux yeux, que je souffrirai à les aimer, car, dans leur finitude, il n’est de gloire qu’à les admirer...