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Vivre ses symboles

17 février 2018

Mes fins de semaine sont une longue succession de petits ménages, de mises à la poubelle. Trop d’objets et de papiers qui ne servent qu’à remplir l’espace d’un appartement trop grand pour moi. En cherchant dans mes classeurs, j’ai pris une pause pour explorer mes vieux dossiers astrologiques. Ce passe-temps tranquille date d’une quarantaine d’années, et comme je le disais dans le billet précédent, j’ai depuis quelque temps tendance à renouer avec cette fascination qu’ont les êtres humains à vouloir comprendre leur existence en la parabolant avec la mobilité des astres.

Je me fous royalement de ce que l’on pourra en dire. Aide-toi et le ciel t’aidera est l’un des premiers principes d’une astrologie philosophique. Nous sommes maîtres de nos destins tout comme nous sommes indubitablement englués dans un espace-temps qui nous échappe totalement.

J’ai fait de la consultation astrologique quand j’étais sans le sou. J’ai toujours clamé que lorsque je serai vieux, j’irai me perdre sur une plage du sud et amuserai les touristes. Le personnage de Philippe dans Falaise, c’est un peu ça.

En ouvrant mes dossiers racornis, je suis tombé sur ma période symbolique. Je ressentais à l’époque le désir de créer mes propres symboles. Sur la photo du haut, on y voit à droite l’interprétation que je faisais des signes et des planètes (l’œil averti verra dans la carte traditionnelle présentée à gauche une erreur quant au placement de Jupiter). J’aimais ces symboles, j’ai toujours aimé inventer, ne pas dire les choses comme les autres. En cette période d’assainissement, je ne vois pas dans ce désir créatif de l’époque une volonté de me compliquer inutilement la vie, mais l’expression de ma recherche intrinsèque, de me fondre à des symboles personnels qui, tôt ou tard, s’universalisent en moi.

Je réécoute le monde, je me promène autrement. Tiens, ma sœur a eu récemment un accident qui heureusement ne l’a que secouée. Mars passait sur son ascendant. Cette planète transite sur ce point à peu près tous les deux ans, comme il le fait pour chacune de nos vies. Ma sœur n’a pas d’accident tous les deux ans. La symbolique astrologique est ailleurs. Les vagues sont plus hautes à ce moment. Nos énergies, frustrées ou libérées, provoquent des étincelles. Hemingway s’est enlevé la vie durant un tel passage. En 2013, de mon côté, je décidais de quitter mon statut de travailleur autonome. En 2015, je n’en sais plutôt rien si ce n’est quelques belles critiques dans les médias pour Falaise publié six mois plus tôt. En 2017, je reprenais en main ma destinée financière. Chaque fois, un coup de pouce sans l’avoir préparé.

L’idée n’est pas de se dire que c’était marqué dans le ciel, ce qui est faux, mais de plonger dans le miroir de l’univers pour comprendre notre légende personnelle.

J’ai toujours aimé conter des histoires, mentir ou dire la vérité. Le cycle de notre minuscule et immense (selon le point de vue) système solaire dans lequel nous baignons est sans contredit le meilleur dieu que je puisse m’inventer. Et le plus sage et implacable.