Le froid ne semble plus vouloir lâcher prise. Le peu de neige tombée durant la nuit ressemble à de la glace opaque, les objets ne bougent plus (ils ne bougeaient déjà pas), les maisons ressemblent à de vieilles dames. La promenade aura été courte pour moi, le travail m’appelle, mais j’ai tout de même pris mon air.
J’aurais pu travailler toute la soirée, mais je n’en fis rien. Je suis allé répéter avec les autres choristes pour le concert de dimanche prochain. M. Jean-Coutu-le-gars-riche aurait dit, il y a quelques jours, qu’il trouvait les gens trop axés sur la famille, qu’ils n’avaient pas le cœur à l’ouvrage, que ça nuisait au commerce, il n’arrivait pas à trouver des gens pour travailler. Ben, c’est pas ça, M. Coutu. Il y a des formes de croissance qui ne se changent pas en billets verts ; elles ne se manifestent que dans les émotions et la réalisation de soi. Faut vivre M. Coutu. Votre modèle de croissance rend la planète malade et nous avec (après ça, vous êtes content de nous vendre vos pilules). Alors, lâchez-nous du lousse et donnez de meilleures conditions de travail à vos employés. Vous verrez, ils croîtront autant et votre tiroir caisse aussi.