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Facilement submergé

17 novembre 2011

Au matin, la nuit s’empresse de se rhabiller et de nous quitter, nous promettant vaguement de revenir. Nos yeux ne lui prêtent guère plus d’attention, nos pensées se gargarisent, nos mains s’activent.

Il est tentant d’accepter le cours des choses, de subir les mauvais sourires des autres, les regards perdus et aveuglément guidés vers les horaires à nourrir. Il est si facile de se dépêcher.

Je n’y échappe pas. Déjà, ce matin, ce fut le petit-déjeuner, la douche, la promenade bousculée, quelques clichés, hop, clic, clic, le brouhaha urbain, la beauté du ciel, les couleurs incongrues, le passage obligé au guichet automatique pour y déposer un chèque, le retour à la maison.

Je m’astreins néanmoins à cette tâche qui n’en est pas une de prendre le temps de me réveiller au jour. Je laisse mes doigts penser à ma place alors que j’écoute le flot profond de ma vie. Et je continue à rêver de ces jours tranquilles, dans mon cœur, qui peut-être finiront pas arriver. Mais est-ce un leurre ?

Il est si facile de se laisser submerger, de se noyer et de vivre ainsi innocemment heureux. Toujours est-il, que ce matin, si je n’avais pas pris le temps de sortir la tête de l’eau, je n’aurais pas vu ce ciel balafré de nuages. Je ne me serais pas aperçu que le jour est à mes côtés, dans un lit douillet, et qu’il fait bon s’y reposer.