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Géométries immobiles

7 septembre 2013

Des aigles rôdent au-dessus d’une colonie immense d’oies sauvages qui se reposent dans un point d’eau. La caméra pointe vers un rapace tenant entre ses pattes un oiseau en lambeaux. Il le laisse tomber, un aigle plus jeune rattrape la proie puis s’élance, dépasse l’autre et le laisse, à son tour, pour que son compagnon l’attrape. La leçon se poursuit ainsi. Il s’agit à la fois d’un jeu et d’un exercice. L’adulte voit au destin de son rejeton.

En dessous, les oies poursuivent leurs activités, sachant qu’elles n’ont plus rien à craindre. Les aigles ont eu ce qu’ils voulaient.

Les images du reportage de PBS sont saisissantes. Le matin même, je lisais sur les énergies féroces du centre de notre seule galaxie qui se combattent tels des titans mythiques alors que, dans sa périphérie, un petit caillou bleuté fourmille d’une vie forte, dynamique, violente et passagère.

Ce matin encore, un ami me parlait d’un temps de repos nécessaire, car il travaille trop. Un autre angoisse parce qu’un chat, sur le toit, a été chassé de sa tanière. Ailleurs, on le sait, des fous veulent mettre Dieu de leur côté en assassinant sauvagement les âmes. La Terre est un cristal de tourments et de beautés.

Chez moi, en moi, des zones de calme et de tempêtes. Mon regard capte sans cesse les géométries immobiles du temps qui passe. Il se peut qu’un trou noir attaque en ce moment mon destin, il se peut qu’une étoile vienne illuminer ou embraser mon ciel.

Il se peut. Rien n’est acquis. Je laisse aller comme si je ne pouvais être que poète soumis aux effluves de l’ignorance.