Depuis trois semaines, un chat a élu domicile dans le comble, cette zone d’environ 20cm de hauteur qui assure par son propre vide une certaine isolation à la maison. Notre immeuble est vieux, les cols de cygne servant à ventiler la structure sont rouillés comme des épaves au fond de l’eau, si bien que les lamelles de l’un d’entre eux, qui servent à contrer l’invasion des bêtes, sont tombées. D’où la présence du jeune chat qui aura vraisemblablement monté par le frêne du voisin et, ne pouvant pas redescendre, c’est con un chat, a trouvé refuge sur notre toit pour ensuite trouver la cachette idéale.
Mon voisin du rez-de-chaussée relate avec moult détails ses tentatives d’apprivoisement de la bête (voir Le chat). L’aventure qui peut paraître plutôt drôle a commencé à changer de ton à l’arrivée d’un ou de deux ratons laveurs attirés par la nourriture offerte au chat. Nous pensions, dans un premier temps, les avoir chassés après avoir coupé la fameuse branche qui permettant un si facile accès au toit.
Peine perdue. Ce matin, je fus réveillé par des bruits de pas balourds. Six heures trente. Ce ne peut être le voisin. Il est plutôt du genre chauve-souris ; à cette heure, il dort. Comme le bruit ne s’estompe pas, je crains le pire. Nous sommes en septembre, certaines bêtes se préparent à passer l’hiver et se cherchent le meilleur endroit pour affronter la froidure imminente. Nous n’avons pas encore remis le col de cygne en place, par respect pour M. le chat qui devra, un jour ou l’autre, tout de même déguerpir. Nous avons même créé un abri au-dessus de l’ouverture afin que la pluie ne vienne abimer le comble.
Je décide de monter voir ce qu’il en retourne. J’apporte mon appareil photo, j’ouvre la trappe et tombe sur le chat sorti du toit, le dos rond et la tête du raton laveur sortant du tuyau d’aération mastiquant quelque chose. Plus loin, un écureuil furieux s’agite. Voilà qui explique bien des choses. L’écureuil aura lui aussi découvert la planque et y aura placé son entrepôt, mais comme la Nature est au plus futé et plus fort, le raton laveur n’en a cure du sort de cet autre rat. Quant au chat, il peut bien aller se rhabiller.
S’il sait maintenir un équilibre gracieux dans sa quête de survie, le monde animal n’en fait tout de même pas dans la dentelle. Au plus fort la poche, comme les Québécois savent si bien le dire. Toujours est-il que mon comble n’est pas une arche de Noé. J’aime bien les bêtes, j’ai déjà donné. Je ne veux pas me retrouver avec les 101 Dalmatiens version ratons ravageurs. Puisque mon salon est en rénovation, que j’ai accès, avec un coup de scie bien senti, au comble, je sors l’artillerie lourde. J’ouvrirai et userai de tous les moyens pour chasser les intrus. On suggère de la lumière, une radio, la Walkyrie en boucle ou une photo de politicien... d’autres idées ?