C’est la pleine lune. La nuit me semble tranquille. Je suis fatigué, ai démoli toute la journée le placard de ma chambre. Je poursuis ces rénovations qui n’en finissent pas, mais qui me font certes du bien. En détruisant un mur, je me rends compte qu’un autre avait existé auparavant, décalé. Il devait y avoir là, autour de cette cheminée qui ne sert plus à rien, un espace utile et chauffé. Allez savoir maintenant que tout a été maintes fois rafistolé.
Cette maison possède plusieurs histoires qui se sont écrites avec des géométries diverses. Il existe ainsi une archéologie muette entre ces murs. Je ne connais à peine la propriétaire précédente. Puisque je possède tous les titres de cette maison, je pourrais partir à la recherche de toutes ces identités qui ont laissé un peu leurs traces ici.
Je n’en ferai rien. J’ai déjà beaucoup à faire et j’ai cessé de me demander si cela en vaut la peine. J’avance, je hurle avec les autres loups et je n’en dis mot à personne. Ma vie me suffit. Et je suis sacrément privilégié de pouvoir l’écrire.
La lune est belle.