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Gestoir

10 janvier 2012

Il neige, il pleut, l’hiver fait ce qu’il peut. Environnement Canada s’endort, les températures vont et viennent et le ciel demeure souvent gris. Du froid sibérien de la semaine dernière, il ne reste pas grand-chose. L’asphalte chuinte, les flocons perdent de leur blancheur avant même de mourir au sol.

Chez moi, c’est le grand bordel. Comme j’ai dû entièrement vider une pièce pour la rénovation, le capharnaüm s’est introduit dans mon salon qui n’était déjà pas bien en ordre vu le semi atelier que j’y ai installé. J’ai reçu un équipement photo tout neuf que je ne peux même pas déballer. Tout montre ici des signes de gestation. J’ai l’impression d’avoir à pondre plusieurs œufs de suite et pas tous de la même grosseur. À tout le moins, j’essaie de tenir le poulailler propre et je me lave tous les jours (je suis un bon garçon, mes parents m’ont bien éduqué).

Si l’on accepte l’affirmation que notre univers extérieur reflète notre paysage intérieur, on s’étonnera que je puisse placer une phrase devant l’autre. Ça gestoit autour de moi. Tiens, j’aime bien ce nouveau verbe : gestoir (qui est en processus de gestation). Je l’insère dans mon dictionnaire personnel.

Ma liberté fuit entre mes doigts, au profit de cet univers non moins chaotique qu’est l’Internet. Mon dictionnaire corrige pour moi mes fautes de frappe et insiste pour souligner gestoir et gestoit. Tant pis.

Je gestois.
Tu gestois.
Il gestoit.
Nous gestoyons.
Vous gestoyez (non, dictionnaire, ce n’est pas festoyer).
Ils gestoient.

Gestoit en moi une partie de toi. Ça ferait un bon titre de chanson.

J’ai oublié mon appareil photo ce matin. Je me sentais tout nu. J’aurais voulu photographier un homme dans sa guérite. Le ferai demain.

Tout gestoit en moi.