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Il est inscrit

20 novembre 2021

Il s’inscrit dans le sol humide la fin d’une autre saison. L’eau et la mort vont bien ensemble. Le froid qui s’installe est un lent poison qui transforme le rêve des choses vivantes. La neige à certains endroits est déjà au sol, mais dans ma ville, le béton est encore chaud.

Les feuilles, en gracieux cadavres, laissent entrevoir leurs veines et leurs os. Le gel s’en prend d’abord aux pourtours et aux protubérances, transformant les sucs en sel. Bientôt, il n’y aura plus de couleurs; il n’y aura que du blanc et de la boue. Du moins dans certains quartiers de la ville, car dans d’autres, point d’arbres, que des dalles froides d’asphalte, de pierre et d’autres matériaux insensibles aux cycles des saisons.

Curieusement, les corneilles, ou les corbeaux, je ne sais trop les différencier, sont toujours là. L’hiver sera doux? Le gris prévaudra? Les branches calcifiées hululeront tels des fantômes sans draps?

La fin d’une saison interpelle les futurs possibles, alimente nos craintes et nos ulcères. Elle nous rappelle ce cycle mystérieux qui gouverne notre existence, celle que nous chérissons, car nous n’en voyons pas d’autres, celle que nous inventons, car s’il y en a d’autres, il nous n’est impossible de les concevoir.

J’ai de plus en plus de mal à respirer.

Je me frictionne au camphre.

Je marche et je me nourris le plus possible des couleurs de ce qui s’abandonne.

Je marche sans pourtant courir après ma queue. Ma queue, de toute manière, n’a jamais vraiment été une marathonienne. Mon esprit demeure cependant phallique. Il est toujours là pour me donner du plaisir et ensemencer mes heures.

Il s’inscrit dans le sol humide le rappel de notre présent. Nous n’avons pas besoin de saisons quand l’âme s’abreuve à la poésie de notre étonnement de vivre. Quand on y pense, et seulement quand on ne s’enferme dans aucune logique, peut-on, peut-être – je dis bien peut-être –, comprendre ce qu’est de vivre et de mourir.