Il y a des paysages magnifiques que mon regard ne rencontrera jamais, des expériences que mon cœur ne pourra jamais atteindre, des pensées dont le génie m’échappera pour toujours.
Je me contente d’un coin de soleil accroché à une fenêtre, fouettant le désespoir à coup de zen, surpris de persister, de m’entêter, comme ces moines qui, emprisonnés dans la geôle de leur conscience, focalisent leur vision sur un mince filet de lumière.
Je ressemble à ces atomes d’oxygène qui, expulsés des supernovas, tantôt sont rubis, tantôt inondent les planètes. Je suis tout l’univers et rien à la fois. Vivant, unique, et insignifiant.
Je suis un insecte patinant tranquillement à la surface de l’eau. Un homme nu branché, dans son lit, sur l’Internet qui l’interpelle.
Je suis une manifestation de la vie. Et cela m’étonne encore.