en

La poésie intérieure

16 janvier 2012

Les gens vivent leur hiver. Le premier grand souffle est passé et a laissé neige, pluie verglaçante, enfin, un grand froid qui a lavé le ciel pendant deux jours. J’ai vécu en partie ces remous saisonniers cloué au lit, pour ensuite me relever et travailler dans la maison. J’ai eu beaucoup de difficulté à m’endormir ces derniers jours, tant à cause du rhume que pour des raisons bénignes et diverses. Pendant deux nuits, les déneigeurs de la Ville ont pris, me semble-t-il, une éternité à racler devant ma porte, précédés des klaxons militaires des remorqueurs avertissant les automobilistes récalcitrants de déguerpir avant d’être remorqués.

Ce matin, tout de même, le soleil, un froid bien serré, vivifiant comme de l’alcool. J’ai sorti les poubelles et les sacs de détritus provenant de mes travaux. Puis j’ai fait le tour du quartier, le temps de remarquer le soleil, la fumée nerveuse des cheminées, de presser le pas pour revenir à la maison, de remettre mes vêtements d’intérieur, de tasser les oreillers de mon lit, de m’asseoir et de saisir l’ordinateur portatif et, en écrivant, sentir l’appel du sommeil.

Je dormirais encore mais tout appelle au travail, à la reddition des tâches et des comptes. Je me promets de me remettre à la pratique du yoga, car, en ce moment, les yeux fermés et les doigts voletant sur le clavier, la tête appuyée contre le mur, je pressens des univers parallèles dont l’air, mu par des parfums inodores, gonfle mes poumons d’une frugale sagesse.