Long week-end qui m’aura permis d’un peu me reposer, du moins faire autre chose. Voilà maintenant un mois que je travaille sur la dernière pièce de la maison qui n’avait pas encore été rénovée. Ce n’est pas tant que j’en ai les moyens, mais il s’agit là d’une nécessité. Cette grande pièce qu’est le salon dit double et dont j’ai défait la séparation inutile, élargi les ouvertures, était encore, jusqu’à tout récemment, un véritable placard géant.
Je suis long du décor final, mais les choses s’ordonnent. Je jette, je classe. Une pièce se vide qu’une autre se remplit pour pouvoir en travailler une autre. Cela ressemble à ma vie en ce moment. Tout est en projet. C’est peut-être ainsi que seront toujours construits mes jours, car les chantiers sont nombreux en commençant par ce roman qui rencontre des écueils surprenants, mais qui avance tout de même. Il finira peut-être par voir le jour et, me dit-on, sa parution est prévue pour janvier ou février 2015. Je ne suis pas encore certain qu’il faille m’en réjouir. Les doutes n’en ont pas terminé avec moi. Je m’en remets aux grandes forces qui me dépassent. L’autre chantier est certes cet appartement. Puis le rétablissement de mes finances, puis le véritable ancrage à mon travail, puis je ne sais trop quoi.
Il y a également ce cours de chant qui me donne autant de satisfactions que de frustrations. Ma voix s’élève, mais est-ce le présage de l’hiver et des complications de toutes sortes ailleurs dans ma vie qui me font là aussi douter? Ne suis-je pas trop vieux et trop pauvre pour me payer des cours de jeune premier? Comme peut-être l’était ma grand-mère Germaine, je suis un angoissé de nature?
T’as besoin juste de grosses vacances, me susurre la voix tranquille de ma raison. Et c’est bien là le problème, cette raison a raison. Je ne vois pas comment je pourrais faire. Pas d’argent et il me faut bien survivre, tenir à flot ce qui coule tout de même un peu.
Alors je continue mes travaux. Ainsi dégager ce double salon me pousse à vouloir rêver refaire de la photo. Il n’en fallait pas plus pour que le destin m’envoie un bon signal. Un ami, que je n’ai pas vu depuis longtemps, fêtera bientôt ses 50 ans. Il m’a contacté sur Facebook car il aimerait que je lui tire portraits. Il n’en faut pas plus pour que je me tape quelques vidéos sur Craftsy…
Je suis fait comme ça, toujours sur une patte, à danser un menuet énervé. La scie cosmique fait le reste, les gestes que je pose dessinent par eux-mêmes l’architecture de ce que seront faits mes prochains jours, mois. Des gens, venus du passé, me contactent, d’autres, pas encore dans mon présent, se font une place. Rien ne se perd et rien ne se crée, dit-on. Je suis donc en pleine répétition aveugle, et je rêve de grands horizons.
Qui vivra verra.