Avoir le sentiment que la vie s’est arrêtée de battre, que tout continue de se mouvoir autour de soi, mais ne pas savoir quelle direction le vent a choisi d’emprunter. La pensée se heurte constamment à l’un de ses quatre murs, ne sachant désirer, conclure ou palabrer. Le corps, quant à lui, montre des signes marqués de fatigue.
Quoi doit-on faire pour comprendre son existence ? On veut éviter de tourner en rond, mais ce qui en résulte est une danse plus ou moins carrée et sans élégance. Notre époque semble ainsi construite, vouée à répéter les gestes, les erreurs et les sagesses passées sans qu’aucune conclusion ne vienne freiner ses élans. Naïfs, nous sommes. On ne peut que l’être. Nous sommes ainsi prisonniers d’un engrenage euphorique et amer. Nous voulons avancer, et nous avançons, certes. Mais au détour, on reprend passablement le même sentier. On se cogne aux parois fractales de nos hasards. Et nous restons englués dans nos ignorances.
Nous sommes aussi comme ces planètes qui gravitent autour d’un soleil lui même en mouvement. Leurs traînées de poussières ressemblent à un ADN que nos cellules ont déjà vite fait d’imiter. Nous bougeons, nous allons quelque part dans le sens du soleil dans sa galaxie, dans la même course de ces étoiles qui s’éloignent, peureuses, de ce centre noir et dictateur.
Mon petit ennui, mes friables angoisses sont des échos de grands bing-bangs et j’ai parfois peur de ne plus rien comprendre du peu de ce que j’avais commencé à construire ayant le sentiment de ne rien inventer, de ne rien créer. Tout s’équilibre, non ? Rien ne se perd ?
La réponse est-elle dans le silence ? Cela ne me satisfait pas de penser ainsi. Voilà pourquoi je me cogne encore obstinément à la porte de vos pensées. Car je déteste être seul dans cette tourmente enivrante et vertigineuse.