La lumière de l’automne n’a pas lieu en ce moment. Il s’agit bien là d’une chronique annoncée. On sort un vêtement plus chaud, si possible imperméable. On se protège davantage des bourrasques. Le rhume est si facile à attraper. Le matin est noir, la fin de la journée est presque aussi foncée et on arrive à la maison avec l’impression qu’il est temps d’aller au lit. On tirera bien sur les fuseaux horaires pour se redonner un peu de lumière. Il fera bien soleil durant la semaine et il y aura aussi beaucoup d’averses, de luttes, de mélanges. Il vaut mieux tout de même s’y faire, comme on s’y fait toujours. Dans un mois l’hiver.
Ma saison, ma vie, elle, demeure engoncée dans un brouillard. J’ai mes soleils, mes êtres chers, et j’ai mes jours gris ou neutres. Je m’y fais, moi aussi, à mon hiver ; j’aspire échapper à ces saisons de l’esprit qui ne font qu’étourdir sans pour autant savoir où la barque navigue. Je regarde le ciel voilé, remonte le col de mon manteau. J’ai tous ces mots, ces feuilles mortes et vivantes, que j’abandonne à la pluie. Mon cerveau est un arbre patient. Bientôt l’hiver. Peut-être l’âme est une ardoise et la vie une réincarnation. Je n’en saurai jamais foutrement rien tout comme je ne saurai jamais compter les étoiles de la galaxie.
Et j’ai quand même ce plaisir à écrire sur ce tableau absurde.