Les gens râlent. Il pleut tout le temps. Il fait froid. Il a déjà commencé à neiger. La douceur de l’automne n’était, comme si c’était une surprise, qu’une veine promesse. La délicate vie est allée se rhabiller pour l’hiver ou plutôt, elle est partie se réfugier dans le sud, entre autres chez les Brésiliens qui, eux, ne connaissent pas vraiment l’hiver et qui pensent que 10°C, c’est la mort.
Le froid ne me fait pas peur et j’ai, de toute manière, un peu la tête ailleurs. Et puis aussi, on ne le répétera jamais assez souvent, les aléas d’un ciel gris sont bien peu de choses face à l’état désastreux du monde. Idem pour mes finances et mes drôles de relations.
Mon regard s’est arrêté sur un livre traitant du bonheur. L’auteur traîne sa marotte depuis une dizaine d’années déjà. Notre cerveau, réglé pour percevoir le danger, est réfractaire au bonheur et qu’il faut l’amadouer, comme le font les bouddhistes, que chaque parcelle de joie doit servir à fleurir nos synapses trop nerveuses.
Encore aujourd’hui, un ami brésilien me disait sur Facebook qu’il se sentait petit face à la grande injustice autour de lui mais qu’il tentait, avec ses moyens modestes, de rendre heureux son entourage. Il est beau, ce Brésilien, un militaire, et qui lit du C.S. Lewis.
La beauté est en effet partout, tenace comme un espoir. Je serais malhonnête de ne pas le reconnaître. Je ne dis pas que je suis heureux, que j’ai trouvé le bonheur. Ce serait un si gros mensonge. Je ne suis pas vraiment malheureux non plus, même si je lutte contre un sentiment profond de solitude.
J’essaie d’être bon, de laisser aller, de vivre les automnes, les hivers, les printemps et les étés. Je ne sais tellement plus ce que seront mes jours qu’il en résulte une libération certaine. J’aurais sans doute dû m’en apercevoir bien avant, mais il n’est jamais trop tard, puisque le temps n’est qu’un cirque de plus dans le malstrom de la réalité.
Alors, bon, il pleut tout le temps et il fait froid. J’ai hâte aux ciels bleus de l’hiver.