Les week-ends se suivent et se ressemblent, les autres jours de la semaine n’en sont pas plus différents. Mon ennui, la tête sur l’épaule de mon étonnement, observe ma passion, mon feu, s’amenuiser comme s’il n’était de sagesse que dans le seul laisser-aller, comme si la braise avait meilleur goût que la flamme directe.
Je me souviens de mon adolescence, des émotions qui s’écrasaient sur des falaises imaginaires, je me souviens aussi très bien de mes premières amours qui malgré leurs sucs physiques enivrants n’en possédaient pas moins un arrière-goût d’amertume et de contradictions.
J’ai toujours été, je le suis encore, passionné. Un flambeau m’anime, il n’arrive plus à autant brûler les étapes, briller dans l’expérience. Il y a dans cet immobilisme une réponse sage, accompagnée d’une tristesse sans larmes. Je suis fait d’une peau incomprise, à peine touchée. Le pourquoi de mon histoire, la conclusion de mes gestes, l’amoncellement patient de ma mémoire n’occupe pas plus d’espace qu’un grain de sable sur une plage polluée de coquillages abandonnés.
La vie est ainsi faite, amoureuse et sans coeur, donnant d’une main, retirant de l’autre. Le bonheur s’atteint probablement en ne se posant pas d’ultimes questions, car heureux seraient ceux dont l’esprit est vide et le coeur immergé de toutes les espérances.
Le jour où je verrai la lumière sera-t-il le moment où je m’apercevrai que j’aurai toujours été aveugle ? C’est une question de moine assis sur un coussin. Aucune réponse n’existe, aucune inquiétude ne tient la route. Il suffit de remuer constamment la soupe, danser perpétuellement malgré les ficelles de son ignorance. Il suffit d’être là, de consommer l’oxygène qui nous est offert, sans attendre le dernier jugement qui ne concernera que des atomes dissociés, autrefois les nôtres, qui iront aléatoirement se perdre dans la chaudière d’une étoile.