Chaque parole peut être un diamant et chacun des mots que j’écris sur cet écran pourrait me valoir un pesant d’or.
Si seulement.
Existe-t-il vraiment une légèreté de l’existence comme semblent le croire les gens enivrés à l’idée d’un été sans pandémie ? Chaque rêve que l’on consomme se paie généralement avec l’argent de la réalité. Bien sûr, nous sommes obstinés, je persiste moi-même à écrire dans le vent. Il y a un bouffon aux États-Unis qui croit qu’il vaincra dame Nature, en absorbant sa petite pilule javellisante. Je lui souhaite tellement de mordre dans le coronavirus pour qu’il comprenne que toute la richesse du monde ne pourra rien pour ses artères calcifiées. Mais raisonne-t-on un clown ? À tant souffler son haleine de cirque, les éléphants qui lui servent de chiens finiront par détruire son chapiteau.
Je ne voudrais tellement pas le haïr, cet homme, et je sais qu’il se nourrit de cette haine comme d’autres se paient la misère des pauvres.
Chaque parole pourrait être une fleur, mais me voilà attristé par ma lassitude. J’aimerais que les empires s’écroulent, j’aimerais que la force de je ne sais plus quelle déité vienne à bout de l’arrogance des impénitents. Si la prière des justes pouvait être justicière…
Je ne suis probablement, moi aussi, qu’un animal de foire.
Je dois me calmer, m’en retourner dans ma caverne de poète. Je prie solennellement les Énergies qui semblent m’habiter. Que tout finisse par s’arranger, que la vie puisse continuer plus douce pour tous, que la mort soit le cycle calme de chacun et que chacune des blessures que nous éprouvons se change en une caresse d’un amour béni.
Voilà les petites pierres que je lance ce soir sur mon chemin. Je prie, je vous dis.