en

Le paradoxe du souvenir

15 septembre 2017

Notre capacité à nous souvenir est une occasion de reprendre contact avec l’essentiel et, dans la foulée, nous oblige à nettoyer la chambre de nos mémoires d’émotions poussiéreuses qui nous font mal vieillir.

Les rituels, les photographies, les rencontres existent non pas pour nous figer dans le temps, mais pour nous rappeler de vivre, de recommencer et de poursuivre la route. Les découvertes sont nombreuses, ne valent pas toutes de revenir au seuil de la conscience, mais de cela, seul le constant miroir du temps peut nous aider à les chasser de notre vision.

C’est un paradoxal phénomène que de devoir se mirer dans le passé afin de pouvoir s’en éloigner. Et, de nos jours, la tâche est dantesque, malhabile à nous protéger d’une information missile, qu’une horde de dictateurs de l’ordinaire s’évertuent à nous bombarder.

Pas étonnant qu’on se fatigue à comprendre, qu’on devienne sourd, qu’on se lasse du plus évident, qu’on ne se m’éveuve plus que pour des ombres maintes fois revisitées.

Ne pas oublier qu’on oublie. Revivre pour mieux mourir, heureux de savoir se raconter des histoires, l’émotion fatalement attirée par le miel de l’étonnante mémoire qui nous gouverne.