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Le rasoir et l’amour

29 juin 2015

On fait tant de choses par et pour l’amour. Ce coeur qui possède sa raison et cette raison qui écoute aux murs de son corps... Les plus récents mouvements tectoniques de mon coeur, le constant brouillard dans lequel se meuvent mes secrets, la lente dérive de mon existence, j’enregistre les faits, tente de relier les bouts de ficelles sans pour autant réussir là, des nœuds, ici des alliances.

Je relisais, ce matin, sur le rasoir d’Ockham, un principe plus vieux que la Terre des Hommes, par lequel il est dit que, si des choses s’expliquent et se prouvent simplement, c’est que, forcément, la vérité se trouve à cet endroit plutôt que dans les constructions alambiquées.

Une explication simpliste n’est pas une preuve. Il ne suffit pas de dire que Dieu existe pour expliquer le monde. Il faut le prouver et, généralement, on réussit à expliquer le monde sans prouver l’existence de Dieu. Il en va ainsi de l’amour et des autres sentiments. Il ne suffit pas de dire je t’aime pour prouver son amour. La preuve provient plutôt de l’accomplissement, des gestes, de l’incarnation ou, plus froidement, l’amour s’explique par des mouvements hormonaux complexes en apparence, nourris par la volonté mécanique des gènes qui ne cherchent qu’à se reproduire.

Mais encore... cet enfant de Bohème n’a pas à prouver quoi que ce soit. Le pourquoi de l’amour ou de Dieu n’est pas résolu pour autant.

Notre Dieu est l’Amour. En sa présence, on ferme les yeux, on s’agenouille, on s’aveugle ou on le refuse, on durcit son coeur pour des raisons en forme de labyrinthes ou de jardin anglais. Notre Dieu est la Vie, c’est déjà une grande sagesse, je crois, de ne se dire que cela.

Pour le reste, inchallah, que le rasoir simplifie toute chose.