J’attends une réponse comme une femme son marin. Il y a déjà trois mois que le bateau est parti et, bien qu’il y eut quelques frayeurs, rien ne vient affaiblir l’espoir. Entre-temps, il faut travailler, vivre ses jours. De toute manière, lorsque les nouvelles tomberont, ou lorsque le navire accostera, le travail reprendra, les jours redeviendront des jours.
Peu importe le résultat de la pêche, il faudra réparer les filets, accueillir l’homme éreinté, lui offrir son cœur, le laisser vous assaillir comme seul la solitude rend vindicatif et indélicat.
Peu importe si le roman arrive ou non à bon port, s’il me revient bredouille ou ses cales gonflées de promesses, je l’accueillerai ; il se reposera, reprendra des forces, et il voguera de nouveau.
Ce matin, j’ai vu des arbres rêver de Cocteau.