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Le rythme

2 mars 2012

Il y a quelques semaines, des chercheurs mathématiciens auraient découvert la nature fractale des compositions musicales. Ainsi, ont-ils pu identifier la signature mathématique des œuvres de Mozart, Liszt, Vivaldi. Les vaches, dans les étables, ne s’y trompent pas, aiment beaucoup Mozart pour ça... Est fractal ce qui se fractionne et se répète à l’identique à l’infini. Vous regardez un arbre, vous en admirez les ramures et sous leur géométrie en apparence chaotique se terre une structure que vous retrouverez vraisemblablement dans la dentelure des feuilles. La somme est plus que toutes les parties. Cette particularité fractale des phénomènes naturels se retrace en tout et cette découverte a pu aider les animateurs à créer des effets spéciaux que l’on considère encore magiques. Il suffit de visionner les dessins animés des dix dernières années pour se rendre compte de la puissance acquise par la découverte des fractales. On en arrive à créer l’illusion de l’eau chaotique de l’océan, la légèreté et le frémissement des poils sur la peau.

La nature est rythme, structure aléatoire, oxymoron quasi parfait. Le grain de sable est libre, et pourtant, il forme inlassablement le même type de dunes. Les fourmis vont et viennent, étourdies, et pourtant, toutes ensembles, créent des ponts, érigent des montagnes. Je ne serais pas étonné d’apprendre que, même si, au niveau quantique, les règles habituelles ne sont que des rêves, on trouvera, un jour, un roulement de tam-tam, un boson nouveau genre, dynamisant les galaxies entières de sa course folle et éclatée. Ce sera peut-être Dieu que l’on pourra emmagasiner sur des disques durs aléatoires.

Il y a cinquante-trois ans, j’ouvrais la bouche pour la première fois afin de manger avidement l’air. Si je ressemble à tout le monde, je ne ressemble pas non plus à personne. Si mon destin n’est pas tracé dans le ciel, sa couleur n’en dessine pas moins chacun de mes gestes.

Se connaître, se rendre compte de ce qui nous anime, s’apercevoir que, derrière les miroirs de nos pensées voletant vers tous les horizons, il y a un essieu bien droit qui dirige le carrousel.

Depuis cinquante-trois ans, le Soleil revient chaque année, à des heures et des secondes différentes, au même « endroit » qu’à ma naissance. Nous ne sommes pas des manèges, mais des spirales d’ADN qui épousent une plus vaste rotation galactique.

Parce qu’il en prend conscience, le sage régit son étoile, les autres, les ignorants, la subissent. La Terre tourne ainsi, avec ses habitants qui, aveugles, croient que tout est inscrit dans le ciel. Ces bibles ne sont que des approximations, des vérités fractales qui se meuvent au gré des marées.

Si je m’aide, le ciel m’aidera, si le marin consulte ses cartes, l’océan l’aidera.