Voilà un peu plus d’an que j’écris ces promenades. Il s’agit donc d’une forme d’anniversaire. Le temps est un insondable vertige qui colore mon regard.
Je ne suis pas ici pour prendre des résolutions, car celles énoncées au départ de cette écriture ont plus ou moins été bafouées. J’étais censé entreprendre une marche quotidienne et force est de constater que la promesse ne fut pas tenue. Pourtant, la pensée se promène toujours. Elle a travaillé fort aussi, s’est nourrie d’une histoire que je tente toujours de faire publier.
Durant cette année, j’ai fait revivre deux autres histoires, suspendues maintenant, tels des cerfs-volants, aux fils électroniques de l’Internet. J’ai également poursuivi mes rénovations qui vont bon train. J’ai travaillé et dépensé. J’ai aimé, continue d’être aimé. Et, dernièrement, j’ai amorcé la découverte du chant.
Ma vie est bien remplie. L’attente demeure toujours la même. L’idée d’un septième roman (ou d’un recueil de nouvelles) émerge. Le titre provisoire : Le vertige. Car, avant de m’endormir, je plonge souvent dans des images vertigineuses ; en attendant le métro, je me sens galvanisé par l’approche dangereuse de la tête de train, j’observe ce monde parfaitement stable qu’on nous annonce être sur le bord du précipice. Ces images de l’homme qui s’est laissé tomber de la stratosphère m’épouvantent. Je ne me suis pas encore décidé à regarder la vidéo qui témoigne de cet exploit. Il ne s’agit pas d’une lubie d’écrivain. J’ai réellement peur.
Voilà qui est moi, après un an. En pleine possession de mes moyens, possédé par un grand vertige. Il est temps que je l’apprivoise ou, à tout le moins, je m’y soumette sans crainte. Quelqu’un dans mon entourage m’a dit que j’aurais fait un bon moine. Il n’a pas tort, même si je suis de ces hommes qui auront toujours besoin d’une peau forte contre laquelle lutter. En ce sens, j’aurais fait un moine vicieux. Autant rester laïque. Et j’aime trop la bassesse que me permet les mots, même si je ne vois pas dans cette « liberté » de l’artiste le droit de tout écrire. Une fiction qui fait fit de l’existence est une, pour moi, une insulte à la procréation.
Alors, Guy, me diras-tu, lecteur, pourquoi cette angoisse ?
Alors, lecteur, répondrai-je, comment se fait-il que tu ne l’entendes pas ?