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Les mains partout

11 février 2012

Les travaux avancent. Ce qui devait, au départ, n’être qu’un rafistolage d’une pièce s’est transformé en un chantier un peu plus important. J’aurai un bon placard, un autre pour un éventuel congélateur, le mur donnant sur le voisin aura été insonorisé et le circuit électrique refait. Il y a trois ans, la fenêtre avait été remplacée. Ce sont là des considérations bien matérielles pour l’intellectuel que je suis.

D’aucuns se seront étonnés depuis trois ans de me voir ainsi manier tous les métiers. Je me demande parfois si je n’ai pas raté ma vocation. Travailler de mes mains me plaît autant que naviguer dans la syntaxe plus capricieuse des sentiments. Les deux mondes coexistent chez moi, ce qui aura eu toujours pour effet de passer pour un intello chez les manuels et d’un mal équarri chez les lettrés.

Camus, Bouddha, et combien d’autres desquels je ne connais absolument rien, ont dit qu’il fallait marcher sur l’étroit fil qui sépare nos profondes certitudes. C’est une position vertigineuse et je ne crois pas être capable de durer dans un tel exercice.

Je fais probablement comme tout le monde. J’élague mon existence en bon touriste du vivant. Je crée, je rebâtis une maison qui me survivra. J’ai fignolé également quelques écrits qui peut-être poursuivront gentiment leur route sur les tablettes des bibliothèques futures. Je n’ai pas d’enfants, mais c’est probablement tout comme.

Mais reprenons notre position sur la corde raide, car de ces vérités, rien n’est moins certain. Inch Allah.