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Les petits pas

4 décembre 2011

Ai pris une dizaine de photos ce matin ; elles sont les mêmes qu’hier tout comme elles sont différentes. Le quotidien est une rivière. J’ai beaucoup rêvé aussi. Des gens d’une quincaillerie venaient voir s’il ne me restait pas quelques pièces qui pourraient les aider à reconstruire quelque chose. Une fanfare de Postes Canada (c’est un rêve !) sur mon balcon. Puis, après m’être étonné de leur présence, je reporte mon attention à ma cuisine. Elle est revenue dans son état d’avant mes rénovations. Je regarde autour de moi, toutes les pièces déjà reconstruites sont revenues à leur état d’origine, et tout est en lambeaux, des détritus partout. Il y a quelques chiens, je descends au rez-de-chaussée avertir mon voisin, mais je le surprends avec un autre homme. Je remonte aussitôt, regarde sous l’évier. Une minuterie semble avoir été installée. Je tente de la régler vers le futur, mais rien n’y fait. Je me vois forcé de tout recommencer mes travaux. J’angoisse et me réveille, heureux de constater qu’il ne s’agissait que d’un rêve.

On dit que, pour interpréter les songes, il faut laisser l’esprit sauter à toutes les conclusions possibles sans pour autant s’y attarder. Cet exercice me paraît similaire aux instructions bouddhistes qui demandent de douter constamment, même du doute. J’étais pourtant heureux de me réveiller et de m’accrocher à la réalité que j’avais patiemment bâtie. Il est là un beau paradoxe, car j’écrivais pas plus tard qu’hier que j’aspirais au nouveau, au différent, à la magie.

Un voyageur, un vivant, qui retourne toujours au même endroit ne fait-il que gérer son ennui ? Un promeneur dans la ville ne fait-il que répéter ses envies ?

Ce n’est pas important. Ce qui l’est est de ne pas accumuler trop de souvenirs, de faire sans cesse le tri, de porter des vêtements neufs à chaque regard que l’on fige dans son esprit. Alors, le travail, toujours à recommencer, nous apparaîtra comme une délivrance.

Le travail ? Ne disais-je pourtant pas que j’avais besoin de vacances ? Ce petit matin endimanché est aussi confus que mon rêve. C’est probablement une bonne chose. J’ai l’océan dans mes poumons. Comme je le lisais quelque part, don’t think, just breath. Ne pensez plus, respirez. Heureux ceux qui ont la patience des petits pas et qui rêvent en même temps de s’abreuver à l’élixir de leurs passions.