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L’insentiment

11 mars 2013

Le jour égale la nuit, tout se vaut dans l’univers des possibles. Alors pourquoi rien n’est fait facilement ? C’est sans doute parce que, pour bien rester sur la corde raide de la beauté, il faut devenir équilibriste, travailler fort l’art de l’« insentiment ».

J’en veux pour preuve ceux qui se noient dans l’océan de la foi sans en baver, par ivresse presque ; ou ceux qui s’assombrissent à ne calculer que le déterminisme des faits, par paresse devant des certitudes réconfortantes. Il faut un véritable courage pour s’émerveiller, accepter l’humiliation de notre finitude, de notre inquiétude, du courage et parfois aussi de la foi pour danser sur des charbons ardents, des chardons plus coupants que des glaives, affronter les dangers du silence. Nous ne savons rien, notre apprentissage est notre chant, notre jouissance et notre mélopée.

Si je pouvais tout dire, mais je ne suis rien, si peu. Je m’étonne surtout de voir arriver la nuit. Je m’y plie, car je sais y vivre d’autres dimensions même si, pour être honnête, j’ai la vieillesse de les oublier le matin.