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Pourquoi?

2 décembre 2023

J’ai le silence facile, il me semble. Je préfère regarder, entendre, ressentir, comme s’il y avait trop de bruits autour de moi pour que je réussisse à comprendre, discerner ce qui arrive.

J’ai beau observer les chats de mon voisin, ils ne sont pas plus nerveux qu’à leur habitude, ils ne paraissent pas à l’écoute d’une évasive menace. Aucun tremblement de terre ne gronde, la ville est sonore comme elle se doit de l’être, la guerre dans le monde n’atteint pas encore les rives nord-américaines. Tout est droit, paisible, dans un ordre confortable.

Je ne suis pas non plus Cassandre, ne filtre pas le futur par mes entrailles. C’est sans doute parce que je peux observer le pas lent du destin dans le ciel des autres tout comme la marche vers mon horizon. Mon silence se mue ainsi en fébrile attente, en un je-ne-sais-quoi d’intangible.

Comment font les moines pour demeurer aussi calmes, assis dans le vide de leur sérénité? Comment font les vieux pour accepter sans sombrer devant la petite réserve de jours qu’il leur reste? Ai-je peur de la fin ou n’est-ce qu’un délire sans attaches?

J’ai le silence facile, car je suis stupéfait de la vie. Je n’ai toujours pas compris à quoi elle sert et serai sans doute sans réponse dans mes derniers moments. Cela dure depuis des siècles et des siècles sans que l’on puisse conclure en un amen. Ce que tu es, je fus, ce que tu seras, je suis pouvait-on lire sur une épitaphe anonyme des temps anciens. Rien n’a changé, rien ne changera.

Mon étonnement me sert d’inspiration et de professeur. J’observe mes actes, je les trouve insignifiants et je poursuis, je les fais pareil. J’écoute ma colère, j’essaie de la décourager, mais elle persiste. Je trouve les gens méchants, j’aimerais les combattre, mais je n’en fais rien. J’espère une revanche, et puis j’abandonne. Je vis ensuite de grands bonheurs simples, je les accepte, et j’en veux encore. Des gens me sourient, j’en fais autant et je retourne ensuite dans le labyrinthe religieux de ma cervelle.

Je me promène, je marche, j’enregistre. Les arbres sont beaux, sont, au final, de meilleurs philosophes que moi. On a découvert que des forêts entières se parlent par les racines. Je ne comprends pas que l’Homme et la Femme ne possèdent pas la connaissance nécessaire à vivre en harmonie. L’Univers s’écoute-t-Il ou cela se passe-t-il seulement dans nos consciences enchevêtrées?

Nos consciences, vraiment? On n’en sait rien. Le Mystère, je le répète souvent, demeure insoluble.

Pourquoi?

Ce que cette question est bruyante… brûlante.