Ai retourné ce matin le manuscrit à mon éditrice. Voilà maintenant douze jours que je consacrais la plupart de mon temps libre à revoir non pas un seul manuscrit, mais deux. On avait, en effet, chez VLB, utilisé l’avant-dernière copie du texte pour effectuer les corrections. Rien de dramatique en soi, puisque le texte n’avait pas été si retouché que ça, mais suffisamment tout de même pour que je doive lire en parallèle leurs corrections et mon texte dit final.
J’avais çà et là enlevé des passages, créé d’autres, modifié la structure de trois chapitres. Mon éditrice me renverra le tout d’ici deux semaines. Ce sera alors la dernière lecture dans le document Word. Suivra l’étape de la mise en pages et, de là, une dernière vérification. C’est dire le nombre de fois que l’on doive relire un texte au point d’en avoir une légère nausée ou une insatisfaction grandissante, car plus on ausculte, plus on doute.
Le lecteur/la lectrice ne verra pas tout cela, ne saura dire qu’il y a eu répétition ici, incohérence là. Les yeux vont habituellement trop vite, l’émotion colmate ces fissures. Rien, bien sûr, n’est parfait. Ces relectures ont également un effet étrange en moi ; elles me rendent moins sociables, sensible aux rêves, à l’imaginaire. Mon esprit repart à la chasse de nouvelles idées, j’aimerais pouvoir posséder ce luxe du silence quotidien pour pouvoir écrire et écrire. Et même si cela me rend asocial, je n’en désire pas moins rencontrer des gens pour qu’ils me nourissent de leurs histoires. J’ai deux ou trois idées de romans, je ne sais encore vers quoi s’arrêtera mes choix. J’ai du mal, certes, à détacher ma vie de mon écriture. Il me faut pourtant trouver des personnages qui pourront parler à ma place.
Qu’à cela ne tienne, pour le moment, laissons encore toute la place à Falaise. D’ici une semaine, on me promet une couverture. Ça, j’ai hâte ! C’est le début de l’objectivation, de la mise en scène et le début du total détachement. Pour le moment, je ne crains ni les critiques ni l’indifférence. Est-ce de la sagesse ? Sans doute seulement la connaissance du comment ça se passe dans ce petit monde. Ne rien attendre et tout viendra peut-être.
Poursuivons les heures, le bonheur se lape en petites secondes.