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VLB Éditeur

6 avril 2013

Je vais certes finir par me calmer. J’ai reçu hier le contrat de VLB Éditeur. On me demandait de parapher à l’encre bleue toutes les pages du contrat, puis de signer sur la dernière.

Je suis devenu trop moderne. Pas un stylo chez moi. J’aurais pu demander au voisin, mais il fallait vraiment me calmer. Je suis donc parti en métro vers une papeterie du centre-ville, rien de moins. Pendant le trajet, j’ai retravaillé un chapitre, manuscrit révisé par Perig en main, et dans l’autre mon iPad Mini.

J’en ai profité pour faire l’épicerie de la semaine, puis suis retourné à la maison, toujours le manuscrit sous mes doigts. Ce passage, là, au 33e chapitre, ne me plaisait pas du tout. Trop rapide en émotions.

Après avoir rangé les courses, j’ai lu le contrat, plutôt standard, ai paraphé, signé, suis descendu au rez-de-chaussée faire signer, en tant que témoin, Laurent. VLB fournissait l’enveloppe affranchie pour le renvoi de leur copie. 1,34 $ le timbre ? Suffisant ? J’ai trop peur de problèmes. Je file au bureau de poste, pas loin et on me confirme que tout est en ordre. La préposée au comptoir sort son gros tampon et l’abat sur l’enveloppe, ce qui scelle l’entente. L’enveloppe file dans une fente.

Je sors du bureau de poste, nerveux. C’est du sérieux, maintenant. Une grosse maison d’édition m’a retenu. Curieusement, j’angoisse sur le prochain texte à écrire, pas sur celui qui n’est pas encore entièrement révisé.

À la maison, incapable de travailler même si des clients attendent. J’ai un peu mal à la tête, je décide de prendre un bain. Je m’endors presque. Mes amis m’attendent pour le repas. J’emporte avec moi la bouteille de mousseux, celle qui traînait dans mon réfrigérateur depuis octobre et qui avait été oubliée dans le fond d’une armoire pendant quatre ans.

L’ivresse commence. Le repas est fort bon. Confit de canard québécois qui, pour une fois, n’est pas sec et moins cher que ce qui se vend en épicerie. Bon vin rouge. La tête me tourne. Je finis par retourner chez moi, incapable de me coucher vraiment. J’ai trop bu. Le foie n’est plus habitué aux émotions et aux bulles.

Au matin, j’ai fait un rêve. Je gagnais cinq millions de dollars. Je me suis réveillé, déçu de m’apercevoir qu’il n’en était rien. Sur la table de chevet, mon iPad et le manuscrit. Je commence à me calmer, je vais cesser d’en parler, je vais retourner au fond de la grotte, pour non pas hiberner, mais pour y trouver la matière opaque de la solitude sur laquelle puiser l’eau de ma parole.

Merci VLB Éditeur. Je me calme. J’ai du travail à faire.