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Youkali

29 mars 2013

Sans cesse à recommencer, le poil, la poussière, les jours. Toujours aussi vaporeux, fluide, inaltérable ce Temps qui n’est qu’une dimension de plus dans notre mémoire sélective.

Nous aimerions être éternels, car le bonheur nous ensorcelle. Nous ne parviendrons jamais à nos fins. Nos chimères sont des youkalis tout juste bonnes à écouter.

Je suis heureux en ce moment. J’observe ces poussières qui luttent contre ma volonté, ces jours qui me blanchissent peu à peu, ces respirations qui m’usent les poumons. Et, paradoxalement à ce bonheur, je sais que le pincement triste de devoir quitter, un jour, cette planète est toujours là, à chauffer la fournaise de mes émois. C’est un peu lourd, mais il n’y a pas à en fouetter un chat. Nous voguons tous sur cette rivière. Inutile de me plaindre, personne n’aura la patience d’entendre ce qu’ils savent déjà pour eux-mêmes. Au lieu de gémir, écrivons-le plutôt, racontons des histoires, partageons et adoucissons-nous.

J’aime bien me croire de la vocation d’apaiser les cœurs. Je veux le faire pour moi, autant le faire pour les autres. Avoir signé chez un important éditeur me conforte, en quelque sorte, dans cette mission imaginaire. Cela ne doit pas amoindrir mes défenses, endormir ma vigilance et doit plutôt m’inciter à passer plus régulièrement le balai sur mes certitudes. C’est la meilleure façon de conserver un regard neuf sur chacune des secondes qui s’envolent loin de moi.