en

Apprendre à se reposer

22 octobre 2017

L’automne réussit toujours à me séduire, surtout le matin quand le soleil, droit devant, mélange sa lumière à l’opalescence décatie des feuilles. Cela ne durera pas. Dans le Pacifique, un typhon a été suffisamment puissant pour bousculer les grands jets atmosphériques et, tels des dominos aléatoires, les systèmes avoisinants s’enveniment.

Il y aura de la pluie durant la prochaine semaine, de courtes vacances pour moi. Je n’avais pas encore pris le temps de me reposer, cette année. Un projet n’avançait pas et comme j’en suis le responsable, j’ai attendu que les diverses pièces du puzzle soient bien en place pour partir.

Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas prendre des vacances, m’avait dit un jour la responsable des ressources humaines. Elle n’a pas tort, spécialement dans mon cas. Il s’agit certes pour moi d’une fuite en avant, comme si j’avais peur de perdre le minimum de certitude que j’ai face à l’avenir.

Cette dernière semaine fut épuisante à bien des égards, ayant à confronter une collègue. Être en colère n’est pas habituel chez moi, les gens et les gestes dramatiques m’ennuient, les tonneaux creux m’exaspèrent. J’en ai trop vu et vécu.

Je n’aime pas cependant laisser derrière moi les gens surir dans leur fiel. Il y aura probablement un hiver entre cette collègue et moi, mais le professionnalisme de chacun fera en sorte d’ajouter la couche nécessaire d’humus qui ensevelira le désaccord.

Voilà donc que je traîne mes problèmes durant ces jours de repos. Une semaine, c’est trop court. Il me faudra donc faire très attention de ne pas oublier la richesse du silence et de laisser aller les choses.

Semper ipse ero, je serai toujours moi-même, j’en avais fait ma devise, adolescent. Est-ce une réelle conviction ? Je ne suis pas celui de mes quinze ans, mais je suis le même. Et puis, cela a-t-il vraiment de l’importance ?

Faisons autre chose chaque jour qui nous soit donné. Et pour moi, je devrai m’astreindre à terminer certaines rénovations. À défaut de persister, je laisserai un immeuble.