Mes vacances d’automne ne sont déjà pas plus nombreuses que la poussière impalpable d’un atome. Le travail a repris ses droits, occupe mon esprit au-delà de ce que j’aurais souhaité, délaissant trop l’écriture.
Je n’ai pour ainsi dire pas vu passer l’automne. Ayant déjà une tendance à être ermite, le confinement ne fait que m’encourager à demeurer sagement dans ma tanière. J’ai par chance mes voisins avec qui je partage les repas et un peu la soirée.
Durant mes rares courses, j’ai pu glaner quelques photos, une feuille morte, fort belle dans la zénitude de sa finalité. Je m’étais promis, en guise d’adieu à l’automne, de la décrire et de philosopher sur sa beauté fractale et la patiente géométrie qu’elle partage avec l’univers. L’ordre existe même s’il fait de l’aléatoire et du chaos.
Quelques jours plus tard, une autre feuille semblait vouloir se fondre au ciment du trottoir. Géométriquement aussi belle que la première, humblement plus proche de ce que nous sommes tous, veines et sangs de passage.
Enfin, la fantomatique présence des couleurs de l’automne, la nuit, illuminée par une quelconque lumière.
Il me fallait l’écrire, émettre des photons, des pensées, un souffle. Dire adieu comme des amants qui ne se parleront plus, et aimer les lendemains qui finiront bien par mieux chanter.
Cette année n’est pas encore finie. On conserve l’espoir que ses jours sont comptés et que les prochaines saisons remettront un peu de normalité dans nos heures.
Les temps changent, ont toujours changé. Il faut en développer une conscience, s’en faire une discipline, sentir la flamme en soi, cette étincelle que nous sommes tous, puis aussi ces feux tyranniques et joviaux de l’univers.
Il faut se réinventer ou retrouver des prières, dépourvues de prêtres et de livres. Seulement le souffle de nos consciences excitant le brasier des mystères.