Soudain, la maison émet un craquement sec. J’ouvre aussitôt les yeux. Moi qui ai déjà du mal à m’endormir, mes sens reprennent tout de suite leur guet. Au-dehors, telle une fumée violente d’incendie, les nuages traversent l’horizon de la fenêtre. Je tente de me rendormir, mais le mal est fait.
La digestion ne va pas non plus. Elle participe à l’angoisse, une mauvaise graisse autour de l’abdomen quand je semble manger trop. Ce n’est que le foie, j’imagine, qui prend son temps pour administrer le gras de canard qui participa à la cuisson des pommes de terre du dernier repas. Comme nous formons un tout, les huiles souillées du moteur perturbent vraisemblablement les fragiles opérations du cerveau.
C’était donc le désordre dans ma tête. Ce matin, le ciel a viré au bleu, l’air est froid. Les grands vents de la nuit n’étaient que la manifestation du changement de température. J’ai encore beaucoup à faire aujourd’hui, me suis levé un peu tard, j’ai les jambes croisées, le dos bien soutenu par des oreillers.
Ce goût de l’immobilité que nous éprouvons, un sage de l’Asie en a fait son nirvana. Bien que mon appartement soit encore dans un beau désordre, j’arrime ma pensée à cette eau calme de ne rien faire et de rendre grâce. Chaque moment peut contenir une tempête, un cyclone. Chaque instant possède ainsi également un centre, un œil, une vision d’un calme surprenant. J’y puise le courage de retourner au vent.