Mon pays ne semble plus être cet hiver que le poète déclamait à grande voix, du moins pas dans la métropole. Il pleut encore et la neige ne résiste pas. Hier après-midi, j’ai entrevu une grosse corneille pavaner sur la toiture du voisin. Je ne vois pas cependant pas les autres oiseaux, sûrement plus avisés que l’imprudente, car, on le sait tous, l’hiver n’a certainement pas lancé la serviette même si, réchauffement oblige, il préfère séjourner dorénavant un peu plus vers l’est. Le Québec de la grande ville se londonise sans doute.
Je n’ai certes pas le goût de mettre le nez dehors. De plus, mes bottes prennent l’eau et mes argents servent à dépenser autre chose que l’essentiel saisonnier. Nous entrons bientôt en février. Déjà les gens autour de moi démontrent de l’impatience, leur moral décline et ils iront tout de même travailler.
Moi, je ferme les yeux, j’observe cette fatigue, un sédiment plus tenace que la neige, m’envelopper de ses écailles temporelles. Aujourd’hui est un autre jour rempli d’espoir et de tâches à faire. Même en demeurant ainsi bien campé dans mes coussins, les jambes croisées, l’Internet sous mes doigts d’Ariane, je me sais avancer. J’ai des rêves de mettre le cap sur des contrées inexplorables, sûrement magnifiques. J’ai des envies de repos. Mes idées, telles des vagues, s’entrechoquent et se heurtent à la Grande Falaise, bien haute avec ses majuscules.
Et je dois ouvrir les yeux, ne serait-ce pour réviser ce texte, mais aussi pour reprendre ma place parmi les fourmis. Le Temps est mon Soviet suprême.