Je n’aurais certainement pas lu ce livre si cela n’avait pas été d’une recommandation du philosophe Bernardo Kastrup. Déjà que le titre peut en faire sourciller plus d’un – Why an Afterlife Obviously Exists: A Thought Experiment and Realer Than Real Near-Death Experiences (Pourquoi une vie après la mort existe évidemment : une expérience de pensée et des expériences de mort imminente plus réelles que réelles) –, et la couverture est résolument bonbon.
L’auteur propose une expérience de pensée (thought experiment) se résumant un peu simplement ici par ceci:
Imaginez une pièce conçue par une équipe de scientifiques géniaux et infiniment financés par des ultra riches. C’est que, voyez-vous, le projet est pharaonique. De cette pièce, personne ne peut entrer sans qu’on l’y invite. Le mode d’entrée est secret tout comme la sortie. Il est impossible de contourner le système. La pièce est un chef d’oeuvre technique. Il est aussi impossible de savoir qui pourra entrer dans la pièce.
La sélection est aléatoire, scientifique. On n’omet aucune couche de la société, aucune région de la planète, aucun statut social, aucun type de personnalité, des gens en santé, des gens malades, des fous, des poètes, des politiciens, etc.
Personne ne connaît ce qui se trouve dans la pièce, pas même les scientifiques. On ne sait d’ailleurs s’il y a vraiment quelque chose. Le contenu a été conçu par une intelligence artificielle dont la mémoire a été par la suite effacée (ici, j’extrapole l’exemple de l’auteur). L’IA avait tous les moyens pour inventer quelque chose (c’est pharaonique, je vous dis).
L’expérience dure des années. Les gens entrent, passent un temps dans la pièce et sont par la suite ramenés en dehors. Tout ce qu’on leur demande par la suite est de relater ce qu’ils ont vu. Précisons qu’il y a quatre types de « visites ».
On va me dire, tout cela est impossible. On se trompe, tout cela l’est dans une expérience de pensée. Beaucoup de découvertes sont nées de telles expériences. Mais bon, revenons à nos scientifiques et leurs riches sponsors.
On collige au fur et à mesure les résultats. Il appert que tous, sans exception, mais à des degrés divers, relatent la même chose.
Nos savants sont perplexes, car ils ne s’attendaient pas vraiment à cela. Un éléphant rose, ça n’existe pas, et comment se fait-il que cela fasse autant d’effet sur les gens? Certains trouvent autre chose qu’un éléphant et plus on entrer des gens, plus cela devient confus, mais en extrapolant les expériences, on peut ramener à des constantes.
On devine sans doute le rapprochement avec le thème traité dans le livre.
Les résultats sont les suivants et sont bien sûr gradués par l’amplitude de l’expérience:
Le but de ce livre n’est pas, malgré le titre qui semble dire le contraire, de prouver que la vie après la mort existe, car l’expérience de mort imminente soulève plus de questions que de réponses. L’auteur suggère qu’il ne serait pas du tout irrationnel d’écouter ce que ces gens ont à dire, puisque leurs témoignages vont dans le même sens.
Le livre se lit bien, le ton est posé, sans artifice. L’homme est philosophe, nous invite à écouter.
Ceux qui reviennent de telles expériences doivent vraisemblablement filtrer avec l’ignorance de leur mot le large éventail de leur vécu. Il semblerait que beaucoup se taisent car ils ne savent exprimer ce qu’ils ont vécu ou parce qu’ils sont la risée de tous.
Moi, je veux bien les entendre, ces gens. Je me sens toutefois Job et je me plains déjà. Pourquoi donc cela existerait-il? Pourquoi doit-on souffrir, jouir, pleurer, rire en ce bas monde si c’est pour retourner au bout du compte dans un univers plus merveilleux que tous les paradis? Pourquoi ce cycle, cette chute et cette montée? Trop de bonheur là-haut, on s’y ennuie? Bien des religions ont tenté de formuler des explications qui se cassent toujours sur le rocher de l’incompréhension ultime.
Et la mouche que je viens d’assommer au point que son petit coeur s’est arrêté un temps avant de recommence à battre, qu’a-t-elle vécu, elle? La même lumière?