On aime les tempêtes quand elles n’arrivent pas à menacer le confort. On assiste, protégé, aux rigueurs énergiques, voire énergisantes, des éléments déchaînés. On est heureux, on se sent choyé d’autant que sentiment de sécurité ne peut être que vain et passager.
Il en va aussi de ces bulles qui se forment progressivement dans notre univers social. On ne se touche plus, on demeure derrière la vitre de notre espace informatisé. On accepte encore la tempête des autres, mais les vrais sentiments coulent davantage dans des réseaux sociaux, exsangues. Une nouvelle culture émerge, faite étonnamment de mots et de visuel. Nos alphabets se recréent différemment.
J’ai le désir, depuis quelque temps, de m’effacer de Facebook, de trouver des cercles plus petits. Or, comme il y a, dans la relation humaine, une grande part de hasard, il semble plus facile ou rapide de plonger dans le presto des réseaux sociaux afin de maximiser les collisions.
Mais encore. À la longue, je m’aperçois que, de ces collisions, bien peu résistent au temps. La nature de nos relations cybernétiques est radioactive, puissante, et puis s’en va, comme une eau gazeuse trop secouée. Plus cela s’agite, je crois, plus ça retourne à l’obsédante platitude.
Rien ne remplace la fusion de deux corps qui ne peuvent aller au-delà de la frontière de leur réalité. Ce qui se transmet d’un épiderme à l’autre bouillonne, cimente des réalités impossibles à recréer dans un smiley. Mais nous avons peur d’ouvrir la porte ; nous restons souvent enfermés sous nos petites laines.
J’en suis le premier à y succomber, confortable et lâche.