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Faire

20 janvier 2012

On dit aimer me lire et on rajoute, à la blague, que parfois, on ne me comprend pas tout le temps, qu’en début de journée, ma poésie passe plus ou moins bien entre le café et la rôtie. Je ris de bon cœur. Il est vrai qu’il ne faut pas toujours écouter les poètes (ni les politiciens) et le poète a cette responsabilité personnelle de devoir, lui aussi, faire quelque chose. J’ai aussi conscience que mes vagues à l’âme n’ont que très peu d’importance s’ils ne font que se mouvoir comme une gélatine immobile.

« Faire » est un concept flou, objet d’une grande dispute entre ceux qui croient que seule l’action importe et ceux qui pensent que l’esprit, libéré de ses contraintes, permet d’envisager autrement l’avenir. Ces deux vérités forment leur ombre réciproque et la réponse vient probablement à l’heure du midi, quand le jour a quitté définitivement la nuit et s’apprête à y replonger. Personne n’a raison, personne n’a tort non plus.

Faire pour faire ne vaut rien. Muser pour s’amuser non plus. Le poète qui, pour un idéal, adhère à un parti fasciste ne vaut pas mieux qu’un constructeur de barrage qui, pour des nécessités économiques, n’accepte pas de protéger un héritage vivant.

Les problèmes surviennent quand le dialogue ne se fait pas entre deux mondes supposément étanches. Le poète percevra davantage s’il s’oblige à confronter ses dires à une réalité muette. Et l’on sait tous que la plus imprenable falaise tombera sous les assauts patients et retords des marées.

Nous vivons dans un monde abandonnés par ses sorciers. Est-ce un bien ou un mal ? Attendons midi pour connaître la réponse. Et entre-temps, reprenons notre corvée.