Mon ancien éditeur m’a retourné, annoté, mon manuscrit. Le colis était abimé, inséré dans une enveloppe de Postes Canada, qui présentait mécaniquement ses plus plates excuses. Il manque tout de même vingt pour cent des pages. Le paquet a visiblement chuté, l’enveloppe utilisée par mon éditeur, peu conçue pour un tel nombre de pages, s’est ouverte et une partie du contenu s’est volatilisé. Il m’a fallu une bonne demi-heure pour ordonner ce qui a pu être récupéré.
Au-delà de ce désagrément, les pages ainsi raturées sont comme un rappel à l’ordre (sans jeu de mots). J’y vois, encerclées comme à la petite école, des fautes stupides, d’autres plus subtiles. Je me suis sans doute trop dépêché d’expédier ce manuscrit, signe tangible de cette anxiété qui me ronge face au regard d’autrui. Et je crains que cet empressement me vaille d’autre refus de la part d’éditeurs. Et si, au final, personne ne veut de ce manuscrit, j’engagerai un/e réviseur/e profesionnel/le et le publierai, car les temps ont bien changé. Nous sommes curieusement revenus à une époque où il est normal de s’autopublier (et les progrès technologiques facilitent la chose [Book Baby est un bon exemple]).
Bien que l’avis de mon éditeur est que ce texte en vaut la peine (mon histoire est racontée, dit-il, avec brio), je comprends qu’au niveau français, j’ai encore de bonnes croutes à manger. On me dira que je suis trop sévère; je rétorquerai qu’on ne gagne pas de médailles à s’excuser.
Je me remets donc à la tâche. Je n’ai pas acheté pour rien un petit ordinateur ultra léger et de luxe pour le simple plaisir bourgeois d’en posséder un. J’ai certes besoin de mon petit confort informatique pour avancer, il n’empêche que je n’achète rien pour rien.
Alors, fainéant, à l’ouvrage !