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Fou à lier

28 février 2012

Je lis en ce moment un très beau roman, paru pour la première fois en 1900, Le Gardien du feu d’Anatole Le Braz. Ah ! Ce que je donnerais pour avoir ce talent, cette capacité à rendre vivante et belle la plus sordide des passions.

Bien que cela puisse faire sourire de lire un gardien de phare qui vous raconte avec tant de vocabulaire et d’illumination son histoire, lui qui, en principe, n’a pas une belle parlure, et n’a pas grande école, il faut aller au-delà de ce entourloupette de littéraire pour se laisser absorber par l’agonie du coeur que cet homme éprouve.

L’histoire est épouvantable, basée sur un fait divers. Un gardien, il nous l’annonce d’emblée, a enfermé sa femme et son amant dans une pièce du phare dont il est le gardien. Il les laisse mourir à petit feu, pour se venger, pendant qu’il écrit à son patron pour lui expliquer tant la genèse que le dénouement du drame. Il nous promet de se donner la mort lorsque les deux amants se seront finalement éteints.

Je n’en suis qu’au tiers de la lecture et je le recommande déjà ! Il me faut découvrir davantage de ces conteurs qui maîtrisent l’âme humaine et qui la racontent avec une passion qui amatit toute écrire contemporaine trop blanche. Quand un texte devient oeuvre musicale, tel est ce Gardien du feu.