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Horloge lumineuse

9 avril 2016

Le soleil pose quotidiennement sa lumière sur moi, sur nous et sur vous. Mon regard se tourne forcément sur moi, sur nous, sur vous. L’existence est incroyable, la réalité si prégnante, belle, implacable, lourde, sans concession.

Je ne comprends pas toute cette violence autour et en moi, comme si nous ne supportions pas la réalité brûlante qui nous brûle, bien sûr, les yeux. Les gens préfèrent-ils vraiment cette transe hypnotique du quotidien ? Pousser un crayon, faire le ménage, et puis mourir ?

Ah, bien sûr, on peut faire l’amour, des enfants, on peut chanter, créer, améliorer le sort du monde, on peut convenablement vivre sa vie, comme tout mortel qui se respecte. Cela ne semble pourtant pas être la norme. Pourquoi tant de gens faillissent ? Pourquoi tant de pleurs et de stress ? Pourquoi les accolades dictatoriales des patrons, les sourires proxénètes des politiciens ?

Les belles intentions cachent, semble-t-il, l’intransigeante volonté de la survie des meilleurs, du virus à la bactérie, de la bactérie aux multiples manifestations du vivant, des espèces aux planètes, des soleils aux galaxies, puis des constellations aux bouillonnements multidimensionnels, la course ne s’arrête pas. Nos choix, nos victoires et nos actes de petits singes n’émeuvent pas les étoiles. Que représentent ce mouvement et les engrenages de cette horloge labyrinthique ?

Et on arrange tout ça en croyant en un ou des dieux, une espérance ou des philosophies ? C’est un peu comme ce ménage qui ne se fait pas chez moi, cette existence qui va un peu, beaucoup, poétiquement à la dérive. Tout va bien, madame la Marquise. Passons le balai, cachons la mort sous le tapis.

Le soleil est si bon sur mon visage.