Le vent est cru ce matin. Il a neigé une mince couche, mais le ciel est gris, le vent reste horizontal comme s’il aurait souhaité être une tempête. Malgré mes vêtements d’hiver, ma capine en mouton, j’ai froid, vraiment froid.
Et devant moi, trois jeunes dont deux convenablement habillés. Mais celui du centre ne semble pas avoir froid. Petit blouson de cuir ouvert, un simple t-shirt, le visage souriant, rien de grelottant en lui. Il ne marche pas d’un pas pressé, discute gentiment avec sa copine qu’il embrasse de temps en temps.
Je les suis jusqu’au métro. Le garçon n’accélère pas la cadence, se permet même de lacer un soulier, pas de gant. Pas sûr qu’il porte des bobettes. Il aurait été nu qu’il n’aurait certainement pas vu la différence. Il est drogué ou quoi ? Ou est-ce ma prostate qui me joue des tours ? J’ai froid pour lui ! Je me sens devenir sa mère et lui asséner une taloche à la nuque. Va te rhabiller, tu vas prendre froid !
Et lui sûrement de me répondre, hagard : « Hein ? »