La musique est envoûtante, semble provenir d’une sagesse parfaitement ajustée aux canons esthétiques de l’Occident riche et désœuvré. Les images, délicieusement agencées, nous promettent le mystère, la folie, la découverte et surtout le repos pour nos âmes effilochées.
Cette publicité relève du grand mensonge qu’est la séduction. Le Kerala ne vit pas ainsi. Encore hier, je regardais un reportage de Faut pas rêver (TV5) sur la région. Certes, il y a tout ça, ce mysticisme, cette religion dans chaque geste, cette importance du cheveu que l’on coupe en sacrifice à je ne sais plus quel dieu bienfaisant, cheveu qui, par la suite, est traité à l’arrière des temples et revendu, à prix fort, aux femmes blanches d’Europe ou aux jaunes des autres contrées. Car, la modernité a asséché le cheveu naturel et seules les femmes du Kerala possèdent encore une crinière intacte. C’est, après tout, la terre de Dieu.
Dans ce pays, d’après ce reportage, on est heureux de donner, peu importe si des vautours marchandent votre chair, pourvu que le geste amical que l’on fait envers le Dieu nous apporte le bonheur.
Il s’agit donc toujours d’équilibre. Chacun est heureux s’il atteint la juste position, la prestance voulue face au néant. Chacun fait son nid, se livre corps et âme à son destin. Tant mieux si les ruisseaux célestes coulent vers nos veines, tant mieux si notre discipline d’exister nous transporte dans un rêve éternel et intangible.
Je suis, moi aussi, un être religieux, je possède mes propres rituels, mes tentations de croyance. J’aimerais être cette dame dans cette vidéo, j’aimerais être au Kerala.
Je suis un Occidental.