Je me dois de poursuivre sur le thème de la lumière. Au sortir du travail, la semaine passée, il faisait encore trop chaud pour un automne. Les gens marchaient volontiers pieds nus dans le parc, des jeunes, torse et beauté nus, jonglaient. J’avais trop chaud avec mon gilet et mon coupe-vent, comme issu d’une saison trop en avance sur son temps. Les gens souriaient, mangeaient et buvaient en petits groupes, riaient, cassant le cou afin d’offrir au soleil leur gorge assoiffée.
Ce soleil, déjà très bas sur l’horizon, insufflait une énergie presque aqueuse. Autour du grand parc, la ville polluait de ses bruits, couvrant le dialogue des oiseaux, le chant des arbres. Mais, protégé par la végétation, le parc arrivait à retrouver ses voix.
Je marchais très lentement, absolument ému de l’instant, fatigué aussi par ma journée. J’aurais aimé être avec quelqu’un, pouvoir lui parler en sagesses et en caresses, m’asseoir près de lui et m’imaginer lui dire que je l’aimais. Je me suis effectivement assis sur un banc. Seul le bombardement horizontal du soleil me tenait compagnie. L’eau d’une fontaine scintillait avec ce qu’il restait de lumière, annonçant une virtuelle fête foraine nocturne, celle des derniers insectes, des ultimes amours.
J’ai respiré à fond, mes pensées et paroles demeurant en moi. Je me suis remis à marcher, ai rejoint le trottoir et le boulevard Saint-Laurent. Je suis rentré à la maison et me suis couché. Au mur, encore la lumière, silencieuse comme une déesse.
J’étais en paix avec, en guise d’ancre dans cette eau du jour, un bonheur triste.